La vie quotidienne dans les camps
La nourriture
 

" Ce qu'on mangeait était ridicule. Le matin, il y avait ce qu'on appelait le " café ", qui n'était pas du café. C'était une décoction d'herbes sucrées à la saccharine. C'était tout jusqu'à midi. Le midi, on avait de la soupe dans une grande gamelle d'un litre. C'était du rutabaga, un peu de tout, mais bien souvent de l'eau. Cela dépendait aussi comment le responsable qui distribuait la soupe mettait la louche, soit dans le fond, soit au-dessus. Si ta tête ne lui revenait pas, tu avais pratiquement une gamelle de flotte ; si ta tête lui revenait, il prenait dans le fond. Comme j'étais jeune, notre chef de block qui était pourtant allemand et qui tapait assez facilement, souvent, me donnait le fond. Mais cette soupe était brûlante et il fallait la manger en 10 minutes à peu près et ensuite, aller laver sa gamelle. Le soir, on avait une petite tranche de pain noir avec un morceau de saucisson ersatz, fabriqué avec je ne sais pas quoi, ou de la margarine. Quand je suis arrivé au camp, j'étais avec des Normands. On a tout de suite sympathisé avec des Bourguignons et des Bordelais et on a toujours essayé de se retrouver ensemble à table, cela faisait moins de problèmes parce que la boule de pain qu'on nous donnait était coupée par le " chef de table ".

Témoignage de M. François Guérin (2004).

 
Le nombre de calories que recevaient les déportés variait de 1000 à 1500 calories par jour, c'était le minimum vital calculé par les Nazis. Ces derniers ainsi que le personnel supérieur tel que les kapos (détenus responsables de la surveillance), les Vorbaiters (contremaîtres), les chefs de blocks effectuaient des prélèvements dans les stocks de vivres destinés aux déportés c'est ainsi qu'ils recevaient de 1800 à 2250 à calories par jour.
 

Daniel Piquée-Audrain, déporté à Mauthausen: Distribution de nourriture (1946).

Toutes les quantités variaient selon les camps et les époques. En effet les rations de pain distribuées variaient de 250 à 400 grammes et descendirent, par exemple, à moins de 150 dans le camp de Ravensbrück en 1944. La majorité des détenus souffraient de la faim et succombèrent à la suite d'un affaiblissement progressif ou aux maladies dues à la sous-alimentation.

Document sonore:

Témoignage de Mme Jeanne Ferrès: les maladies dues à la mauvaise alimentation.

La nourriture